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Cédric-à-brac
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12 janvier 2013

J'ACCUSE, de DAMIEN SAEZ (MUSIQUE)

saez_accuse_affiche[1]

Affiche 1                                 Affiche 2

L’artiste :

     Damien Saez estle 1er août 1977 à Saint-Jean-de-Mauriennes en Savoie. Il est auteur-compositeur-interprète. Le 22 avril 2002, lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, il publie gratuitement sur internet une chanson écrite et enregistrée en environ dix heures, "Fils de France". En 2005, il quitte sa major « pour ne pas finir en sonnerie de portable ». Il s’apprête à sortir son 8ième album en février 2013 « Miami ».

L’album : « J’accuse », sorti en 2010, est un coup de gueule façon Zola pour dénoncer la société de consommation.

Les affiches :

     1) Prise par le photographe Jean-Baptiste Mondino, elle montre une femme nue dans un caddie, titrée avec la mention « j’accuse ». Censurée immédiatement par l’ARPP prétextant que l’image était dégradante pour l’image de la femme : "L'affiche présente un caractère dégradant pour l'image de la femme dans la mesure où elle apparaît nue, et qui plus est dans un chariot de supermarché, donc comme une marchandise (...) La publicité ne peut réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à une fonction d'objet". Elle est alors retirée des stations de métro parisiennes et des affichages publics.

     Ce à quoi Damien Saez répondra quelques jours plus tard : «Une femme nue dans un caddie, outrage aux mœurs du commerce ? Remise en question du système ? Droit d'informer ? Cette interdiction aurait pour but de protéger l'image de la nature humaine, j'en doute. Mais protéger l'image du caddie ? (...) Une chose est sûre, les caddies valent plus que les hommes dans nos pays».

     2) Une seconde affiche sera donc réalisée, mais elle aussi, directement censurée. Elle ne comportait pourtant qu’une simple phrase : "La photo initialement prévue sur cet affichage a été interdite dans les couloirs de nos métros". Elle était accompagnée d’un lien internet menant à la pochette du disque.

Mon avis :

Les affiches 

     Quelle hypocrisie ! Il suffit d’allumer « le gourou du peuple », « le diffuseur d’imbécillités », « l’anéantisseur de neurones » (appelez la télévision comme vous voudrez) mais il suffit simplement de la démarrer pour constater que chaque jour, l’image de la femme est salie. On sait tous que pour beaucoup d’entre elles, ce ne sont pas leurs capacités intellectuelles qui sont mises en avant et ça choque qui ? Qui va censurer toutes ces bimbos écervelées qui se pavanent dans les téléréalités ? Qui va retirer les plantes qui accompagnent les présentateurs dans les jeux télévisés ? Qui va s’attaquer au web pour censurer toutes les images qui dégradent réellement l’image des femmes ? Qui va interdire les publicités comme celle de la compagnie aérienne Skyeurope qui s’était associée à la marque de lingerie Triumph ? (Pour rappel, la marque vendait des voyages pas chers en Europe de l’est. L’affiche montrait une femme en sous-vêtements allongée en bas de l’affiche avec un texte titrant « le style n’est pas une question d’argent »).

Ca fait limite « tourisme sexuel » mais bon…c’est vendeur !

     Car c’est bien ça le problème, l’argent. Et pour faire consommer (pour ne pas dire sur-consommer), la société utilise la femme ! Elle la réduit à un bout de viande que l’on pourrait mettre dans un caddie. Nous sommes tous pris en otage par la société de consommation. Le terrorisme économique qui pousse les femmes d’aujourd’hui à accoucher… d’un objet de consommation, un sur-consommateur en devenir…

     Avec la mention « J’accuse » sous le caddie, voila ce que dénonçait Damien Saez. Et il ne faut pas avoir fait de grandes études pour le comprendre. Elle n’est finalement que le reflet honteux de notre société. Cette affiche est le miroir de notre quotidien, voila pourquoi elle dérange…Pour citer à nouveau Saez : « Les caddies valent plus que les hommes dans nos pays ».

L’album

     Orienté rock, cet album est un petit bijou, un cri qui vient du cœur. Après une première écoute, on comprend bien toute la nostalgie d’une époque ou « c’était mieux avant », ou les jeunes n’avaient pas peur de se rebeller, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui (mise à part une manif de temps à autre pour dire de se sentir exister). Les jeunes sont gavés de conneries (comme le célèbre I-phone), écoutent de la m**** (avec Psy en tête de liste), s’identifient à des attardés (ceux de la tv réalité, la télé de demain comme ils disent !) alors, pour la plupart, ils ne se rebellent plus, ils sont assistés, manipulés, contrôlés par les médias, incapables de penser par eux-mêmes…

L’album est très bien construit. Et à la manière d’un ascenseur, il nous fait monter, puis descendre, stagner et encore remonter. C’est juste parfait lorsqu’un artiste arrive à remuer de la sorte l’énorme fosse septique qu’est notre société.

Quelques phrases tirées des chansons de l’album :

« Y’a une époque, les filles avaient le poing levé. Aujourd’hui, c’est plutôt culotte baissée. »

« L’homme ne descend pas du singe, il descend plutôt du mouton. »

« Il faut foutre le portable aux chiottes et des coups de pioche dans la télé. »

« C’est du Gucci, c’est du goût de chiottes, c’est le syndrome de nos époques. »

« Malheur a qui parle du cœur, c’est pas la mode à nos époques. »

 

L’artiste 

     Voila de nombreuses années que je suis le parcours de cet artisan des mots. J’ai tout de suite adoré « Jeunes et cons », tellement réaliste, je m’y retrouvais entièrement.

Quelques années après, pendant que je noircissais les vitres d’un arrêt de bus au marqueur, en réaction au premier tour des élections présidentielles de 2002, Saez lui, composait magistralement « Fils de France ».

     Mais n’allumez surtout pas votre « boîte à conneries » (autre nom de la télévision) pour le trouver sur un plateau, cet artiste n’apparaît quasiment nulle part. Révolté, obstiné, désespéré, passionné et passionnant, Saez n’a rien à envier aux plus grand poètes dont il s’inspire. Il s’inscrit directement dans la tradition romantique et tourmentée avec des textes qu’il crache avec le cœur.

     Il veut faire avancer les choses en luttant sur tous les fronts et sa musique sonne parfois comme un doux son de révolte, parfois comme un voyage qui nous emmène au plus profond de nous-même (nous montrant alors comme on peut être lâches).

     Mais parler de Damien Saez ne sert à rien. Cela se vit, se ressent de l’intérieur. C’est un guide écorché qui nous fait poétiquement réfléchir et nous laisse l’envie de croire qu’une révolte est encore possible alors : « Jeunesse, lève-toi… »

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Commentaires
N
Merci, pour ce bel article. Je cherchais une explication de l'artiste et je suis tombée sur de nombreux articles de blogueurs qui m'ont laissé perplexe. J'avais l'impression que personne ne comprenait cet album. Ce qui le rebaissait un peu et le décrédibilisait totalement. Merci pour cet article, merci d'assumer cette pensée. Merci, ça existe. C'est beau. J'ai envie de lever le poing là.
C
Merci beaucoup Sophie! Et je vais avoir la chance de le voir en avril! Vivement
S
Quel beau billet Cédric ! j'approuve, j'adhère, j'adore !
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